Sexualité
Il n’est pas rare que les bonobos femelles chassent les mâles, affirmant leurs droits sur les fruits les plus volumineux qu’elles se partagent, (…) collectivement, les femelles domineront toujours les mâles. (…) Les bonobos mâles sont-ils juste de chics types ? Personnellement, j’ai toujours pensé que, compte tenu du taux d’activité sexuelle élevé du bonobo et de ses faibles niveaux d’agressivité, les mâles n’ont pas trop à se plaindre. Ils donnent l’impression d’être moins stressé que leurs frères humains et chimpanzés.
Reliez des étudiants de premier cycle à un détecteur de mensonge: les jeunes femmes mentionneront presque deux fois plus de partenaires sexuels que celles qui ne sont soumises à aucune pression. De fait, autant que leurs homologues masculins. D’où il ressort que les hommes et les femmes se ressembleraient infiniment plus que les enquêtes sur la sexualité ne veulent bien nous le faire croire.
Comme la reproduction est une affaire beaucoup plus expéditive chez les mâles que chez les femelles, on avance souvent qu’ils présentent forcément des différences sexuelles importantes. Mais toute la sexualité ne tourne pas autour des bébés, ni dans notre espèce ni dans beaucoup d’autres. Que deviennent alors le plaisir et l’évacuation des tensions, le fait de ne faire qu’un, l’ attachement, et ce à quoi mes bonobos s’emploient tous les jours: l’activité sexuelle destinée à lisser les froissements dans les relations de couple ?
Extrait Le singe en nous, Frans de Waal. p84 et 116