Bent

Affiche BentLorsque j’ai vu la pièce  BENT à Paris au théâtre du Lucernaire à la fin des années 80, je n’avais jamais entendu parler des triangles roses qui « distinguaient » les homosexuels au sein des camps de concentration nazis.

Aussi, à la mort de Pierre Seel, l’ultime survivant  français ayant porté ce triangle, je me suis dit : « voilà la   fin d’une époque! ». Et pourtant ! Ces derniers temps n’avons-nous pas a été témoins de manifestations contre  le  mariage pour tous en France, d’ actes politiquement et ouvertement homophobes en Russie, du retour en arrière du gouvernement espagnol sur le droit des femmes à l’avortement, d’ interventions publiques d’un procureur colombien dignes des grandes heures de l’Inquisition, de blagues racistes de certains comiques ?

Je ne me suis pas dit « ils sont de retour » ; mais plutôt que l’intolérance et l’ignominie sont toujours une option, voire un projet politique pour certains d’entre nous. BENT, dont l’action se déroule pourtant pendant la première période des camps (1935-36), alors qu’ils n’étaient pas encore qualifiés de « concentration », m’a amené à me poser la question suivante : dans quelle période vivons-nous aujourd’hui?

Rejouer BENT m’est apparu non seulement comme un devoir de mémoire, une façon de comprendre l’Histoire, mais surtout comme un moyen de dire à ceux qui viendront voir la pièce: IL PARAIT QUE C’ETAIT HIER, NON?

Henry Valencia
Metteur en scène