GOOB : les primates sont-ils sexistes?

INTENSION DE MISE EN SCENE

On nommera nature humaine ce que l’homme possède à la naissance du fait de son hérédité biologique; on nommera culture tout ce que l’homme s’ajoute à lui-même, par héritage social. S’il est important de distinguer culture et nature, c’est que beaucoup de préjugés viennent de la confusion entre ces deux notions. Cette confusion est dangereuse. En effet, prendre un comportement culturel pour une donnée naturelle revient à en faire un fait indépassable, dont on ne pourrait pas se débarrasser.

Manuel de philosophie de Terminale STI

Les causes du sexisme sont, la plupart du temps, absentes du débat.
Nous entendons parler des inégalités entre les hommes et les femmes, non pas des conséquences mais de leurs capacités à se camoufler dans les sphères psychologiques et sociales, publiques et privées.
Pourquoi y a-t-il inégalité entre hommes et femmes ?
D’où provient la domination masculine ?
Quelle en est l’origine ?

Partons d’une équation impossible :

Les primates sont-ils sexistes ?

A la racine de l’être humain y a-t-il sexisme? Qu’est-ce que l’Homme par nature ? Peut-on trouver une réponse satisfaisante en observant nos plus proches cousins ? Les comportements sociaux des grands singes ont-ils déterminé les nôtres ? Observer les singes est-ce s’observer soi-même ?
Nos résistances et nos contradictions nous imposent de suivre une démarche scientifique, supposément objective.

Cette dernière guide notre processus de recherche artistique sur le sexisme, pour « ne jamais attaquer le système en termes de rapports de forces […] Mais déplacer la lutte dans la sphère symbolique, où la règle est celle du défi, de la réversion, de la surenchère » comme le disait Baudrillard.

FICTIONNER LE RÉEL

Diriger les acteurs, c’est rarement de la direction justement. C’est de les observer et leur restituer l’image qu’ils produisent déjà eux-mêmes, donc les rendre conscients de l’image qu’ils construisent. Il m’est très souvent arrivé de travailler vraiment à partir de l’aléatoire ; de la présence brute des acteurs, même d’acteurs ne sachant pas que la répétition avait commencé. Me trouvant à l’extérieur je les observe et quelquefois, en les regardant vivre dans l’espace, je transforme en fiction ce qui est naturel.

                                                                                                         Antoine Vitez

Les spectacles que nous créons tendent vers une certaine « véridicité ». Ils se nourrissent du présent de nos recherches. Ils se construisent à partir d’allers-retours entre le terrain d’exploration et des improvisations. Ecritures du réel ou théâtre documentaire, nos mises en scènes autobiographiques invitent les complices de nos aventures à se mettre en scène. Le plateau décide, garde, supprime, transforme, souligne, écrase, révèle, le sens des choses.  Il est le cadre fictionnel qui permet au spectateur de prêter une attention toute particulière au réel.

L’observation est une partie essentielle de l’art dramatique. Le comédien observe autrui de tous ses muscles et de tous ses nerfs par acte d’imitation qui est en même temps un processus de réflexion. Car une simple imitation redonnerait, au mieux, ce qui a été observé, et ce n’est pas assez, car l’original exprime ce qu’il exprime à voix trop basse. Pour passer du simulacre à la reproduction, le comédien regarde les gens comme s’ils lui donnaient à voir ce qu’ils font, bref, comme s’ils lui recommandaient de méditer ce qu’ils font.

Bertold Brecht

GOOB : les primates sont-ils sexistes ? est une recherche qui a débuté en 2016.

Ce projet est réalisé en étroite collaboration avec le CNRS – Station de Primatologie de Rousset – et l’association L’ Œil du Loup.

En premier lieu, nous avons invité des scientifiques – primatologues, sociologues, paléontologues – à chercher avec nous les hypothétiques origines du sexisme. Aujourd’hui, nous utilisons la scène comme un lieu d’écriture et de transmutation des pratiques. Dans cette écriture du réel, nous créons des ponts, nous imaginons des rapprochements improbables et singuliers en extrayant des informations scientifiques, la substantifique moelle poétique.

Arbre phylogénétique : Primates, Strepsirrhini, Adapiformes, Lorisiformes, Lemuriformes, Haplorrhini, Anthropoidea, Simiiformes, Platyrrhini, Catarrhini, Cercopithecidae, Hominoidea

MAUDE BUINOUD
ELSA MINGOT